segunda-feira, 24 de setembro de 2012

É só malandros!

A sacanice do momento, agora pela voz do obscuro e inenerrável ministro (?) Miguel Macedo.

A cigarra e a formiga...

La bise des marchés et la cigale athénienne

par Pierre-Antoine Delhommais


Jean de La Fontaine avait donc tout compris, tout analysé, tout deviné, même la crise financière grecque. La bise des marchés est venue et la cigale athénienne s'est retrouvée fort dépourvue. La fourmi allemande n'étant pas prêteuse, c'est là son moindre défaut, il a fallu que Dominique Strauss-Kahn et Jean-Claude Trichet interviennent pour forcer sa nature et convaincre Mme Merkel de la nécessité d'agir au plus vite. Ce sont pas moins de 25 milliards d'euros que Berlin va, selon toute vraisemblance, débourser pour sauver la Grèce, peut-être pas de la famine, mais au moins de la faillite. Cela fait cher le morceau de vermisseau.

Puisqu'on est dans les fables et les morales, restons-y. La crise grecque, c'est d'abord le triomphe de l'orthodoxie économique. De la gestion budgétaire rigoureuse, de l'obsession de la compétitivité et des excédents commerciaux à l'allemande sur les déficits et le gaspillage des deniers publics à la grecque. Lesquels, selon M. Papandréou lui-même, "au lieu d'être utilisés pour le développement ont fréquemment servi à acheter des maisons, des voitures, et à vivre dans le farniente".

On ne résiste pas au plaisir de paraphraser une nouvelle fois le footballeur anglais Gary Lineker : "L'euro, c'est une monnaie qui se partage à seize, et à la fin, c'est toujours l'Allemagne qui gagne."

Sauf que là, dans l'affaire grecque, tout le monde est perdant. A commencer par l'Allemagne, vilipendée pour son égoïsme, critiquée pour ses tergiversations... et qui n'est pas certaine du tout de récupérer un jour ses 25 milliards. Le président de l'Institut de conjoncture allemand IFO, Hans-Werner Sinn, est persuadé que non. Les Grecs, publiquement humiliés, contraints de faire la manche et promis à des années d'austérité. La zone euro, qui a affiché ses divisions et révélé ses gravissimes défauts de structure et de conception. Les banques françaises, qui ont démontré leur imprudence en se gavant d'emprunts grecs (52 milliards d'euros). Jean-Claude Trichet qui, après avoir exclu catégoriquement que le FMI puisse intervenir, a dû s'y résoudre, ce qui a fait gentiment dire à Mme Lagarde "qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis". L'Elysée, aussi, persuadé dans un premier temps que la crise grecque avait du bon puisqu'elle permettait de faire baisser l'euro et de relancer les exportations et qui n'a rien fait pour arrêter à temps la gangrène. Les dirigeants politiques, qui ont prouvé leur impuissance face aux mouvements d'humeur des marchés financiers. Les contribuables européens, enfin, qui seront sollicités tôt ou tard pour payer in fine un prêt à la Grèce que les Etats eux-mêmes financent par l'emprunt. On ne fait que creuser des trous et des déficits pour en boucher d'autres.
Après tout, l'affaire grecque ne serait pas si grave si on pouvait se dire qu'elle est terminée. Les 120 milliards qu'Athènes va toucher devraient certes lui éviter une crise de liquidités et un défaut de paiement. Ils ne serviront en revanche pas à grand-chose pour résoudre sa crise de compétitivité. Il faut tout changer de "fond en comble", reconnaît M. Papandréou, faire en trois ans ce qui n'a pas été réalisé en trente ans. Passer de la fabrication d'huile d'olive à celle de produits industriels performants, transformer les Cyclades en Silicon Valley, ce n'est pas gagné. Et ce qui vaut pour la Grèce vaut aussi pour le Portugal et l'Espagne. Comment ces pays feront-ils pour retrouver de la croissance sans pouvoir dévaluer tout en pratiquant des politiques de rigueur extrême ? Une fois n'est pas coutume, les agences de notation semblent avoir fait preuve de simple bon sens en abaissant cette semaine la note de ces trois pays. Au lieu de cela, on préfère dire, comme l'Elysée, qu'elles ont une attitude "criminelle". Le politiquement correct ne fait pas bon ménage avec l'économiquement sérieux.

C'est aussi au nom du politiquement correct que personne, il y a quinze ans, n'avait voulu prêter attention aux dirigeants de la Bundesbank qui expliquaient, un peu abruptement, certes, qu'il était dangereux - pour eux comme pour leurs partenaires - que les pays d'Europe du Sud rejoignent trop tôt la zone euro. A l'époque, c'était tellement facile, les gnomes de Francfort furent accusés de racisme monétaire. Ce ne sont sûrement pas aujourd'hui les Grecs, durablement promis à vivre l'horreur économique, qui diraient que ces avertissements et ces réserves étaient injustifiés.

En ces temps si sombres, il convient de dire un grand merci au Parti socialiste français, dont la lecture des 23 pages du document de travail pour un "Nouveau modèle économique, social et écologique" nous a fait passer un bon moment. Et bien fait rire. On a préféré en rire pour ne pas en pleurer. Eric Le Boucher, dans un point de vue publié sur le site Slate, a trouvé ce texte "consternant ". Comme nous. Il évoque le retour des années 1970. C'est cela. Une sorte de programme commun mais nappé de sauce verdâtre, un cocktail de dirigisme et d'écolo-boboisme, Georges Marchais revisité par Nicolas Hulot.

A bas l'entreprise et vive l'Etat, qui seul garantira le bien-être économique pour tous ! Dans ce monde idéal vers lequel le PS promet de nous conduire en 2012, tout sera juste : le commerce (le juste-échange remplacera le libre-échange), les salaires, la fiscalité locale, la rémunération des agriculteurs, les services publics, etc. L'industrie sera forte, cela va de soi, et le consommateur sera remplacé par un "consom'acteur". Tout sera fait pour les jeunes mais aussi pour les retraités - à 60 ans - "parce qu'il y a une vie après le travail qui mérite d'être vécue pleinement".

Le plus inquiétant, dans ces 23 pages, ce n'est pas tant l'absence de mesures concrètes et détaillées pour édifier ce paradis, ce n'est pas tant la stratégie d'évitement sur des sujets essentiels (la gouvernance mondiale, la concurrence de la Chine, la compétitivité, la dette publique), ce n'est pas tant le manque total d'inventivité et la mièvrerie générale du discours et son côté "Oui-Oui fait de l'économie". Non, c'est l'impression de grand renfermement qui le parcourt de bout en bout. De peur du monde extérieur, de grand repli sur soi, une volonté de se réfugier dans une sorte de cocooning économique. "Collectivement, une société sous pression est une société stérile, incapable de créer, d'innover." Tout est dit.

transcrito, com a devida vénia, de Le Monde de hoje

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